Il reste quelques traces de sel sur ton visage. Tu as la peau chaude et sèche, tu ne sens pas très bon. Tu as peur et tu trembles. Tu es tendu. Tu as les doigts abîmés et rongés par l'anxiété. Tes cheveux sont sales. Tu rêverais d'être beau et pourtant tu es laid. Tu longes les murs, tu fais semblant d'avoir une démarche assurée. Tu rêverais de passer une journée à te tourner dans des draps frais. Tu manges le riz avec tes mains. Tu sais que tu as de la température. Tu sais aussi que tu es fatigué. Tu sais que tu partiras. Tu ne sais pas quand mais tu le sais. Tes jambes se frottent l'une contre l'autre. Tu écoutes de la musique trop fort. Tu as peur du jour. Tu lis des livres sans les comprendre. Tu portes des vêtements inutiles. Tu regardes le bout de la rue. Tu n'as jamais pris le taxi. Tu n'as pas la force de porter ton sac. Tu as le front qui perle et tu as chaud. Tu aimes bien rester dans ta serviette tout mouillé. Tu prends tes douches à une température toujours trop élevée. Tu le sais mais tu continues à le faire. Tu mens à tout le monde mais tu ne mens pas de la même façon. Tu as un nez disgracieux et tu ne l'assumes pas vraiment. Tu ne passes plus aucun coup de fil. Tu brûles tes mains sous l'eau chaude. Tu aimes regarder les vitres sales du train en les touchant. Tu aimes être aveuglé. Tu aimes que l'on t'oublie. Tu aimes te faire oublier.


Jean Sébastien Bach - Prélude

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