La pierre qui roule.

Je cache mes yeux rougis par la fatigue et mes cernes avec mes lunettes. La nuit est déjà tombée et je suis irritable. C'est comme ça qu'on dit.
J'écoute, l'air distrait mais néanmoins intéressée, toutes ces histoires douteuses d'un passé improbable. Je ne sais que penser ni qui croire, mais il me semble que les choses étaient plus simples quand je me forçais à ne pas y penser.
Qu'importe. Faisons l'impasse.

Et si je vous disais "j'ai peur". De vous voir si désabusés par une situation qui nous dépasse. Nous pensions être les plus forts et mais nous sommes en réalité les plus faibles ; te voir abandonner me crève quand je sais qu'on reste là parce qu'on était l'élite l'espace d'une année. Je suis fatiguée, voilà.
Tu me parles d'Archi comme un idéal qui me restera à vie mais l'idéal qu'était Archi a disparu en même temps que lui. On ne reste pas éternellement focalisé sur une illusion, surtout lorsqu'on prend conscience du temps et de l'énergie qu'elle demandait. Je ne regrette pas la route qui traversait le parc, ni mêmes les nuits entières à attendre. Je n'y pense même plus, j'ai oublié.

Je cours déjà en pyjama dans les rues noires alors qu'il est 1h passée. Le vent me glace les membres et j'allume une cigarette en inventant des dates historiques qui pourraient nous servir de code d'entrée.
Je m'endors doucement en rêvant de Lenin même si j'aimerai sincèrement qu'il ne trouble pas mon sommeil. Qu'il ne me trouble pas tout court. Qu'il cesse même d'être. Dommage. Lenin ce despote a clairement décidé de faire de ma vie un enfer et je m'en complais totalement ; mi pute mi soumise, j'accepte les règles du jeu, même si je n'ai pas le choix. Dommage.

Je rêve d'une douche brûlante, interminable. D'une vodka pure sans retour qui me plongera doucement dans un monde parallèle. Je ne sais plus faire la différence entre ce qui est bon ou mauvais pour moi. Ce qui vient à moi est pris. On composera avec le reste.
Je suis profondément énervée contre toi mais trop fatiguée pour te décrire les sentiments qui m'animent ; je vais me contenter d'éteindre la radio quelques temps et me laisser faire sans crier. Tout le monde s'en fout, voilà.

En gros chat ronronnant que je suis je vais gratter la porte jusqu'à ce qu'on m'ouvre et éviter la rue quelques temps.
Great.

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