Le temps fléchit, il reste quelques feuilles par terre. Il n'y a pas de vent, seulement quelques passants. Il y a un homme avec une casquette verte qui fait les poubelles sur le parking. Les véhicules se collent les uns les autres de façon à ce que la distance les séparant soit minimale. Certains, même de jour, roulent avec les phares allumés, d'autres avec les vitres ouvertes. Mon sac humide se colle par saccades sur ma hanche gauche ce qui a pour effet d'humidifier ce polo Lacoste, qui devrait être hors d'usage. Je respire l'odeur de l'essence. Cette essence stagnante, ces tâches qui ornent cette station. Pendant qu'une femme d'une quarantaine d'année - avec un serre tête dans ses cheveux bruns - mange un hamburger, je traverse cette rue mouvementée. Je ne perçois plus de droite, ni de gauche, plus de chemin, juste des sortes d'intuitions. Et mon intuition me dit qu'il faut aller vers ce coin de la rue. J'ai le ventre lourd à cause des quantités de nourriture que j'ai absorbées lors de mon dernier repas. Il n'y a pas de soleil, juste quelques nuages gris, qui, quand vous les regardez vous font mal aux yeux. Cette rue est triste et respire la puanteur, chacun se regarde pour savoir l'origine de cette odeur. Alors que c'est juste un malaise, les murs transpirent de la haine. Ils sont tous ici mais se demandent pourquoi ils sont ici. Ils n'attendent plus rien depuis longtemps. Il subissent juste ce qu'on leur a imposé. Le fait d'attendre un bus est en soi quelque chose d'imposé. On ne prend jamais un bus par plaisir. Ou alors on est pédophile. On se dégoûte les uns les autres, tout est investi, saccagé, ravagé par la mocheté et pourtant on ne peut que l'admettre. Et le pire c'est sans doute ça : c'est qu'on l'admet.
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